L'IDF sort une politique culturelle d'actualité: les fabriques de culture

Quand on rencontre une politique culturelle qui sort des enjeux d'excellence artistique, il est intéressant de la partager. On se dit "ah tout de même, c'est possible!". Du moins c'est la réaction que j'ai eu en découvrant cette nouvelle proposition de la région Ile-de-France, en résonance avec tant d'enjeux actuels. Certes, elle n'est pas pondue par le ministère ni ces satellites en région; combien de décennies leur faudra-t-il pour comprendre ce qui est constaté ci-dessous?

Lisez donc la présentation de cette politique culturelle.

Le paysage culturel en Ile-de-France a connu un développement très important dans les années 80 ; les collectivités territoriales ont ainsi accompagné par des politiques publiques volontaires l’aménagement du territoire francilien, avec des lieux nombreux et accessibles au plus grand nombre. Puis, à partir des années 2000, les réflexions sur les « nouveaux territoires de l’art » ont permis d’amorcer une étape nouvelle qui prenait en compte des projets culturels moins institutionnels, portés par des artistes ou des citoyens engagés. Les lieux dits « intermédiaires » ont ainsi vu le jour dans de multiples endroits, dans des friches industrielles, dans des quartiers excentrés, à la rencontre de nouveaux publics, ouvrant leurs portes à des artistes moins repérés.

Ces lieux d’un nouveau genre se sont développés dans des économies précaires très éloignées de celles des lieux institutionnels. Correspondants à un fort besoin des différents acteurs et sans doute à une nouvelle démarche de démocratisation culturelle que l’institution ne permettait pas, ils ont su se faire une place très importante dans le réseau culturel, étant souvent le lieu de la prise de risque et du pari sur l’émergence et la création de demain.


Cependant, on constate aujourd’hui que le modèle économique de ces lieux n’a pas évolué suffisamment pour leur permettre de continuer leur action dans de bonnes conditions. De même, on observe que les créateurs connaissent des difficultés croissantes à trouver des espaces de travail adaptés en nombre suffisants, en raison en particulier de la pression immobilière forte à Paris et en petite couronne. De plus, il semble que l’expérimentation, les croisements entre champs artistiques ou encore les expériences collectives sont plus difficiles à accompagner dans le cadre de dispositifs classiques de politiques publiques.


Par ailleurs, ces lieux ont su tisser un rapport fort à leur territoire d’implantation, développant des initiatives en interaction avec des acteurs locaux autres que ceux de la culture, en lien avec le monde associatif et coopératif, participant ainsi à l’invention de nouvelles formes économiques et à la mise en œuvre de projets culturels différents.


Indépendamment de la question des lieux, les initiatives artistiques expérimentales et innovantes se construisent dans des structurations le plus souvent fragiles alors qu’elles participent d’un renouvellement des arts pour demain. Un pan de la création se trouve alors mis de côté, creusant un écart entre des politiques institutionnelles historiques et certaines évolutions de la société, de la création et des pratiques.


Forte de ces différents constats et des échanges qu’elle entretient avec les acteurs culturels franciliens, la Région a décidé de compléter son action par un dispositif transversal qui donne une place à ces lieux atypiques dans lesquels la création trouve des espaces matériels ou immatériels pour s’épanouir, où les esthétiques se mêlent sans problème, et où artistes confirmés croisent ceux de demain permettant ainsi des synergies nouvelles et dynamiques, à un moment où le contexte économique difficile nécessite d’inventer de nouvelles collaborations pour maintenir un secteur culturel audacieux.


Cette nouvelle politique transversale permettra le développement de projets sur l’ensemble du territoire régional et dans l’ensemble des secteurs de la création artistique et culturelle, de soutenir l’émergence de nouvelles formes de création. Il s’agit ici de donner des moyens aux structures qui ne rentrent pas ou peu dans les réseaux habituels de l’aide publique à la culture, et de préserver une liberté de création indispensable à la diversité de la scène artistique. La dimension et les enjeux artistiques et culturels doivent être clairement identifiables. Compte tenu de la spécificité de l’activité des Fabriques tournée vers la création, les projets seront appréciés en tenant compte de leur caractère expérimental et de recherche sans que le but immédiatement poursuivi soit celui d’une œuvre finalisée.


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