Priorités du ministere de la Culture

Je partage ci dessous une réponse de la Drac faite à Festiv'arts qui organise le festival d'arts de rue de Grenoble. Au delà du refus de subventionnement, il est intéressant de voir les priorités du ministère de la Culture qui y sont citées.

 Il mériterait une analyse, peut-être prendrais-je le temps un jour...

Jean Michel Lucas nous éclaire, en vidéos

Voici quelques vidéos pour partager la vision des politiques culturelles présentée par Jean Michel Lucas, à laquelle j'adhère.

Ici, il expose quelques grands principes "philosophiques" de base, qui introduisent en mon sens les soucis principaux des politiques culturelles en France:

Fin 2008, il intervenait à Quimper pour les états généraux de la culture: une excellente explication de l'histoire des politiques culturelles en France, qui éclaircit le sujet de la définition des politiques cultures éloignée de la population, et comment mettre le citoyen au coeur de la démarche.

Enfin, en 2 parties, une autre intervention plus longue, qui illustre les idées explicitées dans les vidéos précédentes: ici puis là.

Pour une meilleure prise en compte des mutations citoyennes, sportives et culturelles

Une lettre ouverte de La Bifurk en janvier 2010  en réponse à celle du PMI à la même époque, que vous pouvez lire ici

Lettre ouverte à

Michel DESTOT
, Député-Maire de Grenoble
Didier MIGAUD, Député-Maire de Seyssins – Président de Grenoble-Alpes Métropole
André VALLINI, Député et président du Conseil général de l’Isère
Jean-Jack QUEYRANNE, Député et président du Conseil régional Rhône-Alpes


Monsieur le Maire, Messieurs les Présidents,

Le Pôle Musical d’Innovation (PMI) vous a adressé au mois de décembre 2009 une lettre ouverte intitulée « Ne confondons pas l’élitisme pour tous avec la qualité pour chacun ». Ce courrier vous interroge sur la reconnaissance des musiques actuelles par vos institutions, et plus largement sur la place des cultures dites populaires à côté de formes plus prestigieuses de création artistique. A notre tour, nous vous adressons cette lettre ouverte pour nous associer à ces questionnements et élargir le champ de réflexion quant à l'émergence dans plusieurs domaines.

Depuis 2002, La Bifurk porte un projet associatif qui croise des pratiques sportives, culturelles et citoyennes portées par des individus et des associations de l'agglomération Grenobloise, reflet à notre sens de tendances plus ou moins récentes et d'aspirations nouvelles des habitants..
La citoyenneté d'abord, puisque nous accueillons de nombreux évènements citoyens aux formes plutôt innovantes en partenariat avec des associations légitimes sur leurs problématiques, et également par la promotion d'une consommation responsable, à travers les AMAPs que nous hébergeons et notre bar qui distribue exclusivement des produits équitables, bio ou locaux. Malgré notre besoin d'augmenter nos ressources propres, nous avons fait le choix politique de privilégier l'éthique à la rentabilité de nos produits, dans une optique de promotion de ces modèles économiques s'appuyant sur des fournisseurs locaux.. Vous conviendrez qu'encore peu de structures que vos collectivités soutiennent ont fait ce pari porteur de valeurs fortes relevant des défis actuels du développement durable; il suffit d'en faire le tour pour s'en convaincre.

Le sport ensuite. Nous abritons deux associations conséquentes au sein des activités de La Bifurk, que sont l'association du skate park de Grenoble - l'ASG - pratiquant le skate, roller et bmx dans un espace couvert à l'intérieur, et l'association pour le développement des sports de sable - l'AD2S - qui anime la plage de Grenoble. Ces disciplines sportives connaissent un essor relativement récent au sein de la société. Elles ne font vraisemblablement pas parti des disciplines les plus ancrées dans les traditions sportives des français; pour autant elles concernent un public très nombreux sur le territoire et permettent à des milliers d'utilisateurs chaque année de découvrir et de pratiquer ces activités dans des conditions de sécurité. On constate aujourd'hui qu'AD2S est en difficulté financière alors qu'elle n'emploie qu'un salarié malgré son fort volume d'activité; quant à l'ASG elle vit avec plus de 85% de ressources propres. Il serait inapproprié de dire que les collectivités ne soutiennent pas ces associations mais il nous semble qu'elles le font avec un certaine timidité qui contraste avec leur succès face à la population locale.

La culture, enfin, occupe une grande place au cœur de notre projet. Nous parvenons à faire cohabiter les arts plastiques et différentes formes de spectacles vivants - cirque, théâtre, musique, conte - en offrant des espaces de création - ateliers d'artistes, salle de répétition – et de diffusion - salle d'exposition et halle de spectacle. Parmi nos spécificités, nous revendiquons l'expérimentation et l'émergence par des artistes souvent amateurs, mais pourtant très professionnels dans la rigueur qui les anime et la créativité dont ils font preuve. On nous assimile parfois à des acteurs socio-culturels, rattachés à un mouvement d'éducation populaire; ces comparaisons ne nous dérangent pas, bien au contraire. Pour autant, nous avons prétention à être des acteurs culturels à part entière. Dans une société permettant l'accès à la culture pour tous par l'éducation ou les loisirs, à l'époque de la mondialisation et du brassage des cultures qu'elle entraîne, à l'ère du numérique et des échanges démultipliés d'œuvres de l'esprit, la créativité et la volonté d'innovation de chaque individu s'en trouvent stimulées. Ainsi, sans exclure les formes plus conventionnelles d'expression artistique, nous donnons la place à de nouveaux modes hybrides par le mélange des styles et des techniques utilisées. Nous sommes probablement en rupture avec de nombreux codes tacites que l'institution a construit à mesure que les politiques culturelles se sont structurées. Pourtant, nous le répétons, nous avons prétention à être des acteurs culturels à part entière, ce qui nous semble peu reconnu quand on regarde la provenance de nos subventions dans les lignes budgétaires des collectivités.

Par cette lettre ouverte, nous souhaitons vous partager les constats exposés précédemment et nourrir la réflexion quant à la reconnaissance par l'institution de plusieurs pratiques au sein de la société civile que nous observons et accompagnons au quotidien. Nous apprécions le soutien dont vos collectivités font preuve envers notre projet depuis plusieurs années, sans lequel nous n'existerions pas. Nous interrogeons aujourd'hui votre capacité à faire évoluer vos représentations et à rééquilibrer vos politiques pour une meilleure prise en compte des mutations, même si elle implique la remise en question de positions bien établies. Nous espérons, pour notre projet et pour tous ceux qui participent à cette mouvance, que vous saurez faire preuve d'audace et d'innovation comme vous le faîtes dans d'autres secteurs sur notre territoire.

Le Conseil d'Administration et d'Orientation de La Bifurk

Lettre ouverte de La Bifurk, février 2011

Co-écrite avec des membres du CA et des salariés de La Bifurk, retrouvez ci dessous une lettre ouverte avec laquelle nous avions interpellé les citoyens grenoblois, sur la réalité d'une telle structure :

    Amis de La Bifurk,
    Partenaires ou citoyens Grenoblois,

    Cette lettre pour vous faire savoir que La Bifurk se situe dans une période clé de son histoire. La pérennité des activités développées ces dernières années est menacée par l'insuffisance de nos moyens ; nous faisons appel à votre soutien moral pour franchir le cap qui se présente.

    Du haut de ses neufs ans, La Bifurk a atteint une maturité lui permettant de donner du sens à la diversité de ses activités : lieu ressource des associations grenobloises, espace d'activités aux tarifs accessibles, événements éclectiques reflétant la profusion des initiatives culturelles locales, espace de création, d'expérimentation et de diffusion pour les artistes novateurs, lieu de découverte des sports urbains, espace d'expression et de débat d'idées, de promotion d'une consommation responsable. La cohabitation de ces activités fait de La Bifurk un lieu unique sur Grenoble.

    Ces deux dernières années, nous avons réalisé les investissements nécessaires à l'accomplissement de nos missions: aménagement de notre halle de création, équipement son et lumière, accroissement significatif de notre équipe salariée. Le niveau d'activité obtenu est le résultat de l'engagement de nombreux bénévoles, salariés, artistes, techniciens et habitants. En la conservant dans le projet de réaménagement de la ZAC Flaubert, La Ville de Grenoble reconnait désormais La Bifurk comme un des lieux de vie incontournable et structurant du secteur 4, et comme un lieu ressource des associations et de la jeunesse de l'agglomération.

    Pour autant, notre activité repose sur un équilibre précaire : notre équipe, passée de trois de sept salariés, s'est surtout construite grâce à des aides à l'emploi, de plus en plus hypothétiques ; les subventions publiques ne représentent plus que 35% de nos ressources en 2010. Toutes les prévisions budgétaires montrent qu'il est impossible de conserver les murs, sans des financements publics accrus pour maintenir l'activité qui s'y développe.

    La pérennité de la Bifurk dépend désormais du soutien de la Ville de Grenoble à la hauteur de sa reconnaissance affirmée et de nos ambitions partagées.

    Plus précisément, notre développement doit s'appuyer sur :
- l'obtention d'une licence II (débit de boisson), afin d'accroitre nos ressources propres,
- l'investissement dans une solution technique permettant d'améliorer la séparation acoustique des espaces sportifs et culturels,
- l'augmentation de la subvention de fonctionnement de 40 000 € à 70 000 € annuels pour équilibrer un budget rendu fragile par le déficit de financement global.

    A ce jour, nous constatons que nos demandes ne sont pas entendues. Le conseil d'administration a par conséquent refusé de s'engager dans une convention triennale pour ces activités sans certitude de pouvoir les maintenir sur cette période.

    Au delà d'une conjoncture économique défavorable à l'investissement dans le secteur culturel et associatif, et au même titre que de nombreux partenaires associatifs auxquels nous nous associons, nous pensons qu'il s'agit de choix politiques courageux à effectuer pour assumer le maintien d'activités jugées pertinentes sur le territoire.

    Nous comptons sur vous pour soutenir la Bifurk dans son devenir. Exprimez- vous dans les commentaires ci dessous et faites connaître cette lettre ouverte dans votre entourage.


    Chaleureusement,
    le Conseil d'Administration de La Bifurk.