Les SMACs éclatées ont le vent en poupe, et tant mieux...


Rappelons-nous d'abord que les Scènes de Musique Actuelles détiennent ce label du ministère de la culture. Créé en 1996, il reconnaît et soutien le travail de diffusion et de création que mènent certaines salles de concert dans le champs des MA. A ce jour, elles sont plus de 100.



La création de ce label a le bienfait de légitimer institutionnellement la place des styles artistiques des MA et d'une certaine manière des courants culturels qui vont avec. Comme il y avait les scènes nationales pour le théatre, des centres dramatiques ou chorégraphies pour le théâtre et la danse, tardivement sont arrivées les Smac. Selon le même principe les CNAR venaient reconnaître en 2007 les arts de la rue.

On voit émerger depuis quelques années le concept de SMAC éclaté; il consiste à labelliser un réseau de plusieurs équipements, qui collectivement réalisent des missions de diffusion et création significatives sur leur territoire. En quoi doit-on se réjouir de leur mise en avant ?

Les différentes salles conventionnées parmi les labels cités plus haut ont souvent, malgré leur intention, des effets collatéraux néfastes sur les agglomérations où elles sont implantées. Elles concentrent les moyens alloués et rendent de ce fait  l'existence difficile à d'autres équipes professionnelles, qu'on laisse timidement survivre avec peu. Ces autres acteurs accomplissent pourtant souvent un travail de qualité et on peut affirmer, du simple fait de leur capacité à toucher également de larges publics (ou artistes), qu'ils répondent à des besoins de leur territoire. A la relative précarité de leur situation se superpose un regrettable ressentiment de ne pas être reconnu pour leur travail par l'institution.

Ainsi le concept de Smac éclatés, outre la pertinence de ne pas recréer les dérives liées à la concentration de moyens sur un lieu, présente l'avantage de renforcer d'un même coup plusieurs équipements, tout en stimulant leur travail en réseau. Ce dernier rend possible un développement mieux réfléchi pour le territoire, du point de vue de la complémentarité des missions, des secteurs géographiques touchés...

Première du genre, la Smac 07 en Ardèche, s'est créée en 2010 avec 3 structures du département. Courant 2013, un projet piloté par la DRAC était en discussion sur l'agglomération Lyonnaise( voici l'appel à projet initial) il se heurte pour l'instant à quelques difficultés inhérentes au concept de l'éclatement. Outre le choix des structures à embarquer dans un plan de développement commun, il faut aussi obtenir l'engagement des municipalités à soutenir financièrement le projet sur le long terme. On verra si ça aboutit un jour sur Lyon. Et voilà aujourd'hui qu'on me fait découvrir sur face-de-bouc qu'on parle de Smac éclatée au Mans.


Espérons que le concept de l'éclatement essaimera ses principes dans les autres disciplines citées plus haut, et que petit à petit la prédominance des grands temples de la Culture puisse s'amenuiser au profit d'une prise en compte plus large du travail de nombreux acteurs culturels. En ancien grenoblois qui a connu tous les effets secondaires qu'un temple comme la céleste MC2 génère, je serai curieux de voir une scène conventionnée "en solo" s'ouvrir pour partager, ce serait assez incroyable !