Alain Pilaud parle de Festiv'arts dans Grenews


« Pas forcément des choses inoubliables » .
C'est en ces mots qu'Alain Pilaud s'exprimait dans le Grenews du mercredi 4 avril au sujet de Festiv'arts. Si la programmation laisse une large place à l'émergence d'artistes avec parfois des spectacles qui ne sont pas inoubliables, Festiv'arts accueille pourtant son lot de pépites parmi des formes théâtrales, circassiennes ou musicales pour lesquelles on n'ouvre que très rarement les portes des scènes conventionnelles bien ancrées dans les circuits institutionnels de nos politiques culturelles.

Me reviennent les moments d'émotion devant le marionnettiste Jojo Golondrino, les fous rires collectifs d'un parterre de quelques centaines de grenoblois devant l'hilarante troupe des Romain-Michel, ou devant les 3 mousquetaires revisités en théâtre de rue par la Compagne Afag … autant d'artistes intermittents qui roulent leur bosse depuis des années à la rencontre d'un public bien présent. La musique n'est pas de reste, cette édition encore nous a dévoilé des merveilles, avec par exemple un Christian Paccoud accompagné de son accordéon qui nous fait vibrer intérieurement grâce à ses textes emplis d'humanité. Et pour citer un nom que tous reconnaitront -bien que je n'ai que peu de considération pour la récompense qu'il a obtenu- , Pep's jouait pour Festiv'arts quelques éditions plus tôt, avant d'être consacré par les victoires de la musique...
Je me rappelle aussi les passages d'Adrien Mondot avec son spectacle « Fausse note et Chutes de Balles », Adrien qui multiplie les créations en résidence dans des scènes nationales de renom, tel l'Hexagone et le Pacifique sur Grenoble.

Alors que m'inspirent les mots de notre élu Alain Pilaud à l'égard de ses nombreux artistes, et tous ceux dont j'ai passé les noms, que Festiv'arts et dans son entourage de nombreuses associations savent dénicher dans des réseaux artistiques que les grandes salles préfèrent laisser en marge ? Sans doute un peu d'agacement, mais pas d'étonnement.

On ne peut lui jeter la pierre personnellement, puisque comme il le dit lui même il aime bien cette équipe et son "but n'a jamais été de les enquiquiner". Mais à travers ces mots toute une conception des politiques culturelles rejaillit à la lumière de tous, et pour qui la comprend elle a de quoi agacer. Nous en sommes encore à la définition de ce qui a de la valeur, à désigner ce qui fera référence en terme d'exigence et de qualité artistique, pour le donner à voir au plus grand nombre. Sauf que dans la conception de la culture que porte la ville de Grenoble et que partage Mr Pilaud, ce choix de la valeur est confié à quelques professionnels, qui après les études dans les bonnes formations et un parcours dans les bonnes institutions, se voient donner le pouvoir de sélectionner avec l'argent public des spectacles que la population viendra voir à grand coup de rappels publicitaires.

Quelle légitimité supérieure peut avoir par exemple un Michel Orier à la MC2 dans ses choix artistiques, face à une équipe de bénévoles passionnés ? Les deux touchent un public qui s'émeut, qui vibre, le temps d'un spectacle. Et Festiv'arts a son public, qui n'est pas constitué seulement «d'un trafic capté », « le gars qui s’arrête trois minutes sur le chemin de la boucherie avant d’aller acheter son kilo de viande » . Les formes des arts de rue comptent leur lot d'adeptes même si nos institutions en font abstraction. Et intéressons-nous à l'inverse au public d'une salle telle la MC2, Alain Pilaud et ses collègues élus font-ils le lien entre la fréquentation des spectacles et les méthodes publicitaires pour les remplir ?
Je cherche parfois la différence entre une soirée théâtre à la MC2 et un film au Pathé: les deux nous harcèlent de publicité tout supports, les affiches sur les arrêts de bus ou les grands panneaux JC Decaux, les encarts dans le Petit Bulletin, et tous les autres supports classiques de publicité mercantile. Le public de la MC2 est peut-être un simple consommateur de produit culturel médiatiquement mis en avant, là où celui de Festiv'arts vient découvrir les surprises d'une programmation qui suit sa ligne directrice à mesure des années, dans une quête personnelle d'émotions qu'il sait pouvoir trouver ici.

Je grossis volontairement le trait quitte à faire de la provoc' facile envers le travail de la MC2, mais vous conviendrez qu'une telle affirmation ne serait pas plus choquante que celles qui voudraient que Festiv'arts n'accueille rien d'inoubliable !

Par Paul, un fidèle de Festiv'arts depuis 8 ans déjà ...

Rajout:
1. Visionner une vidéo présente Festiv'arts et aborde la question sur HumanReport
2. LE droit de réponse de Festiv'arts sur Grenews
 

1 commentaire:

  1. je me pose de même la question d'une remarque faite par un homme dont on connaît finalement si peu le nom. Pour m'intéresser à la culture il m'est inévitable de connaître "le personnage et sa politique" mais qu'en est-il des bénévoles de Festiv'arts? de toutes ces personnes investies depuis de long mois sur un projet que je qualifierait de "vivant", n'est-ce pas ça la culture? Quelque chose qui vie, qui évolue et qui s'adapte au cours des choses? ...
    Bref, a ton déjà vu aux spectacles, aux réunions, aux évènements l'ombre de ce personnage qui vient juger ce qu'il en est,avec le poids de sa position sans pour autant y avoir vraiment pointé le bout de son nez... la critique est facile je trouve et l'ignorance éloigne tellement de la réalité, qui d'autre que ceux qui façonnent ce projet, le font vivre peuvent en parler? le public, les artistes , les techniciens oui d'accord mais le politicien aux abonnés plutôt absent... je sais pas question en suspens...

    marionmouth, bénévole, public et bien vivante !

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